LLe dopage, ce fléau qui nous pourrit la vie.

Je suis sportive de haut niveau et en équipe de France depuis plus de 20 ans. J’ai commencé ma carrière très jeune et j’ai performé très tôt, dès la Guadeloupe. C’est là-bas, d’ailleurs, que j’ai été confrontée au dopage, la première fois. Je devais avoir aux alentours de quatorze ans.

En Guadeloupe encore au collège sport étude un jeune cycliste m’avait proposé de quoi être en forme. Il était vrai que c’était une période pendant laquelle nous nous entraînions énormément. Nous étions deux en tête de groupe sur lesquelles les espoirs de l’entraineur se reposaient. Notre entraineur nous choyait, nous entraînait plus que les autres. La fatigue physique était là, nous étions souvent à la limite du supportable physique et mental et pour autant à aucun moment je n’ai franchi le pas du dopage.

J’ai eu de la chance, j’étais bien entourée, ma famille, mes amis et surtout j’avais des convictions. J’aimais faire les choses à fond et « la loyale ». A l’INSEP, l’Institut National du Sport et de l’Éducation Physique, le lieu où se regroupent toutes les équipe des France, nous avons un suivi régulier des athlètes par le médical. Nous avons des contrôles anti-dopage réguliers et aussi de façon inopinée. Nous déclarons dans des tranches horaires précises les heures et les lieux où les médecins de l’agence anti dopage peuvent nous contrôler quand bon leur semble. C’est à dire, que si votre partenaire de vie, veut vous faire une surprise, il doit avoir vos codes pour préciser le lieu ou vous serez et les horaires. Non, nous n’avons pas droit à la vie privée selon l’agence mondiale anti-dopage. Des tests urinaires, ou des prises de sang sont pratiqués de façon régulière. Je ne sais pas pour les autres, mais je ne me suis jamais habituée à pisser devant une personne, qui plus est, une personne qui vous regarde pisser, pour être bien sûre que vous n’utilisez pas l’urine d’une autre personne. C’est un moment étrange.


Je suppose que vous avez tous suivis l’affaire de dopage des Russes, – pour rappel, les services secrets sont compromis dans l’affaire- et de la décision du CIO face à cette histoire. Un article ici

Les gens sont souvent choqués de savoir que le CIO n’a pas exclut tous les athlètes. Pour moi, c’est plutôt l’inverse, j’aurai été choquée qu’ils excluent toute la délégation. Parmi eux, il y a certainement des athlètes sains ; je ne trouve pas juste, que ces athlètes qui se sont battus pour se qualifier, soient sanctionnés. Par contre, je ne trouve pas juste, que des athlètes dopés soient quand même qualifiés.

Les laboratoires anti dopage sont souvent en retard face à l’industrie du dopage, nous le savons tous.

Les contrôles deviennent de plus en plus performants, les agences antidopage reprennent du pouvoir mais il ne faut pas oublier toute la frustration que peuvent ressentir ces athlètes propres qui ont été privés de médailles, de titres, de reconnaissances parce que leurs adversaires étaient des tricheurs. Il est aussi important de ne pas mettre la responsabilité simplement sur le sportif dopé. Les sponsors, les fédérations, l’encadrement, ceux qui encouragent ou tolèrent le dopage devraient être également punis. Car un sportif ne triche jamais seul. Si son encadrement lui dit : « soit tu te dopes, soit tu es viré », comment peut-on connaitre notre réaction dans une telle situation. Pour certains, se doper devient presque une norme. (Cécilia Berder).


AAvant hier encore je regardais le film sur Armstrong sur Canal +.
Ce film permet de découvrir toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l’humiliation, « The Program » retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute.

Une horreur ce film. Pas d’un point de vue cinématographique mais plutôt pour son histoire. Je ne reste pas en place en regardant ce film, car Armstrong est comme tous les autres dopés, et en tant que sportive saine, ça m’écœure ! Je vous laisse y jeter un coup d’oeil !

 

Cet homme était prêt à tout pour réussir, pour être connu, la gloire.

Ce n’était, n’est pas le seul.

De ce que je vois, lis, beaucoup de ces dopés sont en recherche de gloire, de reconnaissance, de réussite. Quand ils ne sont pas doués, ils s’entraînent énormément et n’ont pas les résultats attendus. Quand on voit ce qu’ils infligent à leur corps pour une gloire…très courte, ou pour des moments de « réussite » très courts dans le temps, je trouve ça inquiétant. Les dopés sont prêts à souffrir pour tout ça. C’est tellement triste !! Ce que je trouve aussi triste est qu’ils sont quand même convaincus d’avoir réussi une fois sur le podium. Mais comment font ils pour ressentir pleinement cette satisfaction ? Comment peuvent ils êtres heureux ? Tous les vrais sportifs de haut niveau sont maso. C’est une réalité nous aimons être dans l’adversité. Quand la tâche est simple, nous ne sommes pas bons, quand elle est trop facile, on s’ennuie. Alors quel est le plaisir de ces gens? Comment peuvent-ils vraiment éprouvés de la réussite ? Ces personnes sans limites, comment est-ce possible qu’ils se sentent légitimes?
Sur le podium des championnats de France, des championnat d’Europe, des mondes ou le podium des jeux olympiques, je savoure. Je pense à ma famille, à mes amis, aux personnes autour de moi pour le projet. Je pense aux heures, jours, semaines, mois où je n’ai pas profite du temps avec ma mère ou pas suffisamment vu grandir mes neveux, etc. et je ne regrette pas. Parce que c’est ce que je voulais, l’atteinte de cet objectif. Je sais qu’après je peux être tranquille, car je me suis donné, j’ai accompli et je retourne pleinement satisfaite à ma vie normale. Le passage à un autre objectif est normal. Le passage à une vie « plus normale » se fera lui aussi.

Finalement ces dopés, qui ont fait le choix, qu’ils ont fait pour des moments de gloire et de réussite, comment se passe le changement pour eux au final? Ils n’ont toujours pas réglé leur vrai problème. Ils ont pendant quelques temps profité de la médecine pour duper toute le monde (et surement eux-mêmes) et être heureux un instant mais qu’en sera t’il, une fois confrontés à leur fin de carrière, où face à la reprise d’une vie normale? ou encore à des plus jeunes qui les poussent vers la sortie ? Comment  peuvent-ils être sereins ? Ils craignent tous les jours le moment où leur secret sera dévoilé et ils passeront de super star à moins que rien. Ils seront seuls, face à eux-mêmes.

Le sport est bon pour la santé c’est évident, le sport de haut niveau, par contre est néfaste pour le corps mais très bon pour le mental. Après toutes ces années shootee, dopée à l’adrénaline, à l’enjeu, etc. vient le moment de partir. Ma vie était rythmée par mon sport. Je me dirige vers une fin de carrière, carrière que j’aurai menée de manière saine. Certes je serai à Rio mais pas en tant que compétitrice et en octobre je ne serai plus licenciée de la fédération d’escrime mais une chose est sûre : j’aime mon sport, il m’a beaucoup apporté. J’ai des valeurs et le dopage n’aurait jamais pu me corrompre. Je suis heureuse dans ma vie. J’aime la vie. J’aime ma famille. J’aime mes amis. J’ai envie d’aider les plus jeunes de mon sport. Quand je peux filer un coup de main dans d’autres domaines, je le fais. Oui en septembre, octobre ou peut être plus tard encore, j’aurai un peu de mal à effectuer ce changement de vie mais pour autant je suis sûre qu’il se passera car la vie est belle et que la reconnaissance et la gloire, ce ne sont pas des objectifs de vie.

Alors, oui ces bombes à retardement, ces dopés, je les plains. Car eux, ils ont certes gagné énormément plus de fric que moi, récolté plus de titres que moi mais ils ont perdu le respect, le respect de leurs fans, familles, nation, etc. Ils ont pris le risque de se mettre en danger -et surement de mourir entre 45 et 60 ans, pour certains, d’être obligé de se lever la nuit pour faire du vélo car la prise d’un produit bien précis les oblige à une activité au bout d’un certain temps sans activité ou d’autres conséquences-, ils sont surement montés plus souvent sur le podium, ont signé plus de sponsors, mais au final, après la « réussite » pendant leur carrière, la « gloire » et les podiums, que leur reste t’il ?

Le moyen le plus efficace d’être bon, c’est le travail, le travail, la persévérance, encore du travail. Avec en plus une personnalité saine et bien dans sa peau, nous vivrons toujours ancrés les pieds sur Terre et stables dans nos vies.

 

Publié par Sarah

Je suis escrimeuse en équipe de France depuis plus de 20 ans. Médaillée olympique, je partage ma vision sur le sport, son économie, sa digitalisation, sa politique, etc. Je suis aussi une digital native, passionnée par l'innovation et l'High Tech.

Un commentaire

  1. Jaubert Isabelle 31 juillet 2016 à 21:41

    Bonsoir Sarah j’ai appris que vous aviez quitté pôle emploi pour d’autres aventures !! Votre pugnacité vous a amenée la où vous etes je vous souhaite bonne continuation dans votre « nouvelle vie » et surtout bons JO!!

    Aimé par 1 personne

    Réponse

Laisser un commentaire